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Historique du mouton Roux du Valais

Selon des affirmations orales, vers 1550, des moutons de la race «Roux du Valais» paissaient sur les pentes abruptes des montagnes valaisannes, mais hélas aucune trace écrite ne l’atteste. La dénomination «mouton du pays» fut considérée trop commune et on chercha une appellation différenciée par rapport aux autres races de couleur brun roux. Jusque dans les années 1940, à part le Nez Noir du Valais, seule une deuxième race était présente dans le Haut Valais et le Valais central, à savoir le «Roux du Valais». A l’origine, ce mouton apparut sous deux formes de toisons, l’une d’un roux brun, l’autre noire. Les deux types étaient présents d’une façon disséminée. Le noir se trouvait en particulier dans le Lötschental, d’où la dénomination usuelle de mouton de Lötschen. Ces bêtes de taille moyenne, à cornes, avaient une particularité typique – ils avaient fréquemment une tâche en forme d’étoile ou de fleur blanche sur la tête.

Le «Roux du Valais» fut un mouton idéal pour l’auto approvisionnement et présenta des avantages significatifs. D’une bonne fécondité, robuste et modeste, il démontra un excellent comportement en milieu alpin. Le choix pour cette race fut aussi porté pour sa laine aux propriétés thérapeutiques indéniables. Elle trouva autrefois une forte demande pour la confection d’habits. Les bas et sous-vêtements confectionnés au moyen de cette laine devaient être particulièrement chauds et agissaient efficacement contre les douleurs des articulations et les affections rhumatismales (affirmation soutenue aujourd’hui encore par de nombreux éleveurs du Haut-Valais). Le fait de ne pas être obligé de teindre la nappe paysanne «Trilch» fut un avantage considéré comme précieux pour les habitants de cette contrée alpine. Les moutons Roux et Noirs du Haut-Valais ont contribué probablement à la naissance de la race du pays de l’Oberland bernois, c’est-à-dire du mouton de Frutigen. Des seigneurs du Lötschental régnèrent dans la vallée de Frutigen jusque vers 1400. De nombreux troupeaux de moutons avaient été déplacés dans l’Oberland bernois ainsi que dans le Haut-Simmental par les familles réfugiées de Lötschen. Egalement au Grimsel, de riches familles bernoises emportèrent des moutons valaisans chez eux comme butin de guerre. A remarquer que l’ancêtre du mouton de Frutigen portait des cornes.

Durant les années 20 à 30, le «Roux du Valais» a été considéré comme race en voie de disparition. Il ne fut pas accepté dans les expositions. Durant les années 30 à 40 apparut la concurrence indiscutable du BDA (Blanc des Alpes). Malgré tous ses avantages longtemps reconnus, notre bête à cornes n’est pas parvenue au niveau officiellement prétendu du BDA. En plus, après la 2e guerre mondiale, des éliminations massives de troupeaux de moutons ont été ordonnées en Valais pour lutter de façon prophylactique contre la tuberculose et la brucellose (fièvre de Malte). En l’espace d’une dizaine d’années, la disparition du «Roux du Valais» fut quasi totale. Quelques amateurs irréductibles, hostiles aux nouvelles races pour d’évidentes raisons, ont tenu à conserver cette vieille race. En 1985, la fondation Pro Specie Rara (PSR) a lancé un programme pour la sauvegarde du «Roux du Valais». PSR a localisé des éleveurs dans le Haut-Valais, possédant encore un cheptel de 20 à 30 bêtes. Jusqu’en 1989, 120 animaux au total étaient connus par le responsable des élevages PSR. Par la suite, la fondation a pu acquérir quelques bêtes qui ont été remises, en groupe de famille d’élevage, à certains éleveurs intéressés en vue de la promotion de cette race. Entre temps, grâce à des gens convaincus des qualités exceptionnelles de ces animaux, l’effectif a augmenté considérablement pour atteindre aujourd’hui environ 800 bêtes réparties dans plusieurs régions de Suisse. Depuis 1998, le «Roux du Valais» est reconnu par la Confédération comme race officielle suisse. En 2005, pour la première fois, des «Roux du Valais» ont été exportés en Allemagne.